MUREL, PIERRE, domestique.
Pierre est debout, en train de lire un journal. — Murel, entre, tenant un gros bouquet qu’il donne à Pierre.
MUREL : Pierre, où est M. Rousselin ?
PIERRE : Dans son cabinet, monsieur Murel ; ces dames sont dans le parc avec leur Anglaise et M. Onésime... de Bouvigny !
MUREL : Ah ! cette espèce de [séminariste] [[Pour LA CENSURE, il a fallu mettre cagot.]] à moitié gandin. J’attendrai qu’il soit parti, car sa vue seule me déplaît tellement !...
PIERRE : Et à moi donc !
MUREL : A toi aussi ! Pourquoi ?
PIERRE : Un gringalet ! fiérot ! pingre ! Et puis, j’ai idée qu’il vient chez nous... (Mystérieusement.) C’est pour Mademoiselle !
MUREL, à demi-voix : Louise ?
PIERRE : Parbleu ! sans cela les Bouvigny, qui sont des nobles ne feraient pas tant de salamalecs à nos bourgeois !
MUREL, à part : Ah ! ah ! attention ! (Haut.) N’oublie pas de m’avertir lorsque des messieurs, tout à l’heure, viendront pour parler à ton maître.
PIERRE : Plusieurs ensemble ? Est-ce que ce serait... par rapport aux élections ?... On en cause...
MUREL : Assez ! Ecoute-moi ! Tu vas me faire le plaisir d’aller chez Heurtelot le cordonnier, et prie-le de ma part...
PIERRE : Vous, le prier, monsieur Murel !
MUREL : N’importe ! Dis-lui qu’il n’oublie rien !
PIERRE : Entendu !
MUREL : Et qu’il soit exact ! qu’il amène tout le monde !
PIERRE : Suffit, monsieur ! j’y cours ! (il sort.)