Bibliothèque nationale de France. Département des Manuscrits. NAF 13502 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b60005754

Passion et vertu

Conte philosophique

Rédaction
Nov.-déc. 1837
Édition choisie
Manuscrit, 1837
Saisie par
Yvan Leclerc, relecture par Hélène Hôte
Détails

Manuscrit disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b60005754

Notes sur l'ouvrage
Gustave Flaubert trouve l'argument de ce conte dans La Gazette des tribunaux. C'est déjà la trame de Madame Bovary : une femme abandonnée par son amant et qui se suicide. 

Chapitrage

Passion et vertu

Conte philosophique

Rédaction
Nov.-déc. 1837
Édition choisie
Manuscrit, 1837
Saisie par
Yvan Leclerc, relecture par Hélène Hôte
Détails

Manuscrit disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b60005754

Notes sur l'ouvrage
Gustave Flaubert trouve l'argument de ce conte dans La Gazette des tribunaux. C'est déjà la trame de Madame Bovary : une femme abandonnée par son amant et qui se suicide. 

VIII

IX

Elle se leva, essuya ses larmes, tâcha d’apaiser ses sanglots qui lui brisaient la poitrine et l’étouffaient, elle regarda dans une glace si ses yeux étaient encore bien rouges de pleurs, renoua ses cheveux et sortit s’acquitter du dernier désir d’Ernest.

Mazza arriva chez le chimiste. Il allait venir, on la fit attendre dans un petit salon au premier dont les meubles étaient couverts de drap rouge et de drap vert, – une table ronde en acajou au milieu – des lithographies représentant les batailles de Napoléon sur les lambris et sur la cheminée de marbre gris une pendule en or où le cadran servait d’appui à un Amour qui se reposait de l’autre main sur ses flèches.

La porte s’ouvrit comme la pendule sonnait deux heures. Le chimiste entra, c’était un homme petit et mince, l’air sec et des manières polies.

Il avait des lunettes, des lèvres minces, des petits yeux renfoncés.

Quand Mazza lui eut expliqué le motif de sa visite, il se mit à faire l’éloge de monsieur Ernest Vaumont, son caractère, son cœur, ses dispositions, enfin il lui remit le flacon d’acide, la mena par la main au bas de l’escalier. Il se mouilla même les pieds dans sa cour, en la reconduisant jusqu’à la porte de la rue.

Mazza ne pouvait marcher dans les rues tant sa tête était brûlante, ses joues étaient pourprées, il lui sembla plusieurs fois que le sang allait lui sortir par les pores.

Elle passa par des rues où la misère était affichée sur les maisons comme ces filets de couleur qui tombent des murs blanchis et en voyant la misère elle disait : je vais me guérir de votre malheur. Elle passa devant le palais des rois et dit en serrant le poison dans ses deux mains : adieu l’existence, je vais me guérir de vos soucis.

En rentrant chez elle avant de fermer sa porte elle jeta un regard sur le monde qu’elle quittait et sur la cité pleine de bruit, de rumeurs et de cris. Adieu vous tous, dit-elle.

Ce site dédié à Flaubert a été fondé en 2001 par Yvan Leclerc, professeur de littérature du XIXe siècle à l’Université de Rouen, qui l'a animé et dirigé pendant vingt ans. La consultation de l’ensemble de ses contenus est libre et gratuite. Il a pour vocation de permettre la lecture en ligne des œuvres, la consultation des manuscrits et de leur transcription, l’accès à une riche documentation, à des publications scientifiques et à des ressources pédagogiques. Il est également conçu comme un outil pédagogique à la disposition des enseignants et des étudiants. La présente version du site a été réalisée en 2021 par la société NoriPyt sous la responsabilité scientifique de François Vanoosthuyse, professeur de littérature du XIXe siècle à l’Université de Rouen Normandie. Les contributeurs au site Flaubert constituent une équipe internationale et pluridisciplinaire de chercheurs.

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